Ceci est mon blog d'origine, à consulter avec ses pendants : "Mes amis papillons" et la "Gazette des arts"

mercredi 11 janvier 2012

la troisième Atlantic

C’était il y a un an, Rétromobile 2011 : une des merveilles exposées, une des plus intrigantes également, est cette Bugatti Type 57S Atlantic. Pourquoi la plus intrigante ? Parce que de notoriété publique, il n'existe plus que deux Bugatti Atlantic au monde sur les trois jamais construites. La plus connue est la 57491 qui appartient à Ralph Lauren. Actuellement noir-laqué dont je vous ai déjà montré des images. Je dis actuellement car elle n’a pas toujours été noire, mais bleu-France ! Son nom d’origine est la « Pope » du nom de son premier propriétaire. La seconde est la 57374, avec une carrosserie en aluminium peinte en gris (au lieu de magnésium). Pour les puristes on dit : The Rotschild Atlantic. La troisième dite 57473 est la « Black atlantic ». Vous voyez la confusion ! Elle fut malheureusement victime d'une collision avec un train, sur un passage à niveau non gardé près de Gien, en août 1955,  qui ne laissa qu'un châssis tordu,  vendu à un ferrailleur et donc détruite… avant d'être reconstruite….

pour la reconnaitre : les phares encastrés à l'avant...











Pour les différencier, il y a la carrosserie, l’avant et l’arrière. A l’avant, il faut observer les différences dans le positionnement des phares dans la tôle. L’arrière est superbement arrondi pour les deux premières, avec la crête de coq rivetée en plein centre, qui couronne le capot de la roue de secours. Figoni a créé deux petites ailes pointues pour la troisième. Et il y a in fine le numéro minéralogique, 1610 AV 75.


C'est celle-ci qui était présentée à Rétromobile 2011. C’est donc avec une grande curiosité que Nicolas Jeannier, dont je reprends les propos,  consulte en février dernier la plaquette explicative. Il s'agit bien de la 57473, livrée en 1936, propriété de Jacques Holzschuch jusqu'en 1952, date à laquelle elle fut achetée par Antoine Chatard (au nom de sa maitresse Béatrice Schneider pour la cacher (la voiture) à son épouse)(quand il s’agit de Bugatti, on entre de suite dans l’intimité des propriétaires !). Le 22/08/1955, la Bugatti et ses deux occupants (Chatard et Janine Vacheron, une autre amie…ne cherchons plus à suivre…) sont pulvérisés sur le fameux passage à niveau...

 La SNCF conserve les restes de la voiture pendant huit ans, le temps que dure le procès, les dames Chatard se battant pour récupérer les fameux restes ! Paul André Berson attendait ce moment pour récupérer le maximum de pièces et s'engage alors dans une longue restauration en utilisant le maximum du châssis et les panneaux de carrosserie du coté droit moins endommagés. Le collectionneur cède la voiture à Nicholas Seydoux en 1977, en conservant les pièces endommagés et le moteur d’origine. Mais il entreprend de construire une réplique avec les restes. De son côté, Mr Seydoux peu satisfait de l’état de son Atlantic, la fait restaurer à grand frais, par les célèbres ateliers Lecoq.











la Rotschild




En 2006, la 57473 quitte la collection Seydoux pour intégrer celle d’un autre collectionneur. Désireux de lui rendre plus de lustre encore, la 57S est de nouveau restaurée. Chez Paul Russel (le restaurateur de l’Atlantic de Ralph Lauren) cette fois, en intégrant les pièces d’origine délaissées par Berson dans les années 60 et certains morceaux de la réplique mise en pièce pour l’occasion. Il n’y a donc plus qu’une seule 57473 aujourd’hui, qui a retrouvé sa livrée grise de 1955, en intégrant les modifications de Figoni avant l’accident.


Dans ces conditions, s’agit-il toujours de l’Atlantic numéro trois, ou d’une réplique ?

On a envie de dire OUI, il s’agit bien d’un chef d’œuvre en tous cas !


voir également : The Atlantic and Other articles de
L.G.Matthews, Jr Editions SPE Barthélémy Paris, mai 2004

et puis encore mieux, sur place, à Rétromobile 2011

http://www.youtube.com/watch?v=SIQ6ZVLNGkc