Il faut bien avouer que ces festivités successives perturbent le travail, et que j’ai préféré m’amuser plutôt que fréquenter mon atelier à vrai dire un peu frisquet.
Einstein disait que l’on ne peut résoudre un problème qu’avec un œil neuf. Du genre : « ceux qui l’ont posé peuvent difficilement le résoudre, vu qu’ils n’ont pas l’esprit suffisamment ouvert ». J’ai donc décidé de m’y prendre autrement : je commence d’habitude par le début : le grouillot (c’est moi) ponce les soudures, puis sa récompense une fois nettoyé, lavé et phosphaté c’est l’apprêt. Ensuite on peut recommencer à poncer, mais on est davantage motivé parce que cela avance, jusqu’à obtenir une peau lisse de BB. Enfin on peint. On peint et on repeint gare aux coulures j’en stresse à l’avance ! Le pire c’est quand le noir laqué sèche en noir satiné dégueu, et que tout est à refaire. Je n’en suis pas encore là. Et ensuite on peut décorer, et c’est là que ça devient valorisant de jouer avec les détails. Là je vais adorer les œillets des tendelets de 1mm dont il faut que je recommande 25 exemplaires, mais je n’en suis pas là non plus. Je n’ose vous dire qu’in fine on met le tout sur une étagère et que ça ne redevient amusant que si l’on crée une nouvelle maquette !
Encore faut-il ne pas rater l’allure générale. Or là je vais un peu à l’aveugle même si je veux un GB Tourer. Il faut donc tester la silhouette. Alors je m’y suis pris à l’envers : j’ai posé les roues en provisoire, pour garantir la bonne garde au sol. J’ai attaché la calandre de radiateur, pour avoir un avant fiable. Pour l’arrière, il me fallait absolument le profil relevé que crée la capote abaissée, donc j’ai construit l’armature. Travail compliqué, car il faut que les arceaux soient bien d’équerre, se déplient dans l’axe, et se replient de même en se superposant exactement. Et puis il faut trouver l’axe de vissage dans la coque, et cela ne peut se faire précisément qu’en place, les deux côtés n’étant pas forcément pile poile en face. Pourtant ils le devraient, mais il y a des petits défauts…Depuis que j’ai découvert les mérites du scotch de peintre, je ne puis plus m’en passer. Le tendelet arrière date de 2005, jamais utilisé, et sert à vérifier l’ensemble, même s’il va bien falloir en refaire un avec l’épaisseur idoine. Il y aura de petites courroies, ça j’adore.
Quant au poste de conduite, il faut simuler l’épaisseur des garnitures de portières, et du siège avant. Surmonté d’une plaque latérale laiton s’incrustant dans le haut de la carrosserie, prolongée par une plaque symétrique à l’arrière pour supporter l’avant du tendelet de tonneau.
Le plus difficile c’est le pare-brise, celui-ci c’est pour la silhouette encore une fois. Reste à souder les montants, je n’ai pas encore trouvé la bonne solution. Et à vérifier l’entourage dans lequel devrait s’incruster le pare-brise, pas encore tout à fait au point. J’aimerais qu’il se rabatte, je m’en demande peut-être trop ?
Voilà l’allure finale, avec la future conduite à droite. J’ai trouvé la couleur (ce sera une surprise), en achetant le pain et en allant me garer sur le parking du garage voisin, où j’ai contemplé le bac rempli du nuancier des peintures en bombe. Il y avait la bonne ! Si je m’écoutais j’en resterais là, au stade de Karl Lagerfeld qui a dessiné la robe, et la passe aux couturières pour une exécution finale bien moins intéressante que le croquis initial.
Plaignez moi : je vais en effet devoir tout défaire, en rangeant les pièces dans la vaisselle dérobée dans les placards de la cuisine. Il faut tout recommencer par le commencement : démonter ; puis poncer, gratter, frotter, poncer encore et encore.
Le secret de la mécanique d’art