Nous avons rejoint Vichy comme nous le faisons deux fois par an depuis six ans, et la saison pluvieuse nous incite à la rêverie et la lecture. L’histoire de Vichy est, comme celle d’autres villes thermales (dont Bagnères de Luchon qui ne compte que 4.200 habitants), marquée par les visites de Napoléon III (ou de l’Impératrice Eugénie), et ici on les compte car chaque fois, elles ont été le motif de l’édification des grands édifices. Chaque jour a de l’importance, et en voici le relevé précis, grâce au site : de http://.carteret.pagesperso-orange.fr/
Première cure : 4 au 31 juillet 1861.
L’Empereur, né le 20 avril 1808, est âgé de 53 ans. Il séjourne à la Villa Strauss louée au chef d’orchestre Isaac Strauss. (aucun rapport avec Johann et Richard, ce n’est si je puis dire, qu’un compositeur et chef d’orchestre français : 1806-1888) Son médecin personnel, le docteur Henri Conneau, (véridique, il l’a déjà fait évader du Fort de Ham en 1846 déguisé en maçon, mais ceci est une autre histoire), le suivra jusqu’à son décès en 1873. La population de Vichy est alors de 3.740 habitants.
Deuxième cure : 11 juillet au 9 août 1862.
Napoléon III revient d’un voyage à Clermont-Ferrand où il a visité Gergovie avec Eugénie.
Il arrive le vendredi 11 juillet, à 17 h 05, en gare de Vichy, construite à sa demande par l’architecte Denis Darcy. C’est une quasi inauguration, puisque la ligne a été ouverte le 8 mai, le 8 mai n’ayant pas encore la signification d’aujourd’hui ! Ce n’est pas encore la SNCF , mais le PLM : Paris Lyon Méditerranée.
Napoléon est accueilli par le maire Norbert Leroy et le chef de gare Charles-Alexandre Gravier du Monsseaux (famille illustre de Vichy propriétaire du Chastel Franc ex-mairie 1801-1822), lequel vivra presque 102 ans jusqu’au 29 novembre 1928.
Monsieur Louis-Charles si je puis lui donner du prénom comme le ferait son majordome loue à nouveau la Villa Strauss , mais pour la dernière fois.
La digue en pierre de 5 mètres de hauteur visant à protéger la ville des inondations de l’Allier et conçue par l’ingénieur Radoult de Lafosse est achevée. Elle aménage un parc de 13 hectares , appelé alors « Nouveau parc » (et aujourd’hui Parc Napoléon III).
La même année 1862, l’ancien enclos du couvent des Célestins est scindé en deux parcs séparés par une rue : le parc des Célestins et le parc Lardy.
Troisième cure : 7 juillet au 5 août 1863.
Le séjour a lieu cette fois-ci Villa Marie-Louise, premier chalet de l’Empereur sur les parcs. L’impératrice Eugénie arrive le 23 et repart quatre jours après, car elle tombe sur Marguerite Bellanger, la maîtresse de l’Empereur. Oui, il a une maîtresse (déjà !). Pour les intimes, c’est Margot la rigoleuse, de son vrai nom Julie Leboeuf. Elle possède un épagneul, et on ne voit qu’elle place de Rosalie promener le chien. Eugénie, qui est au demeurant une femme superbe, n’est pas Anne…S : elle refuse de tolérer la situation, et se casse. Elle ne reviendra jamais à Vichy, et préfère (nous aussi) aller séjourner à Biarritz. Précisément dans sa villa Eugénie, devenue Hôtel du Palais, plan en forme de E majuscule ; vue sur la mer. La classe !
Il n’empêche que les cures (de l’Empereur) ont lieu maintenant une fois par an, et il faut préparer la saison 1864. Les « Maisons anglaises » de la rue Alquié sont bâties pour loger les officiers de la garde. Il manque un casino : Charles Badger en lance la construction. Il est inauguré le 2 juillet 1865, le même jour que l'église Saint-Louis, en l'absence de l'Empereur. La façade nord, côté parc avec terrasse et véranda, présente les cariatides des « quatre saisons» sculptées par Carrier-Belleuse et des volutes recevant horloge et baromètre, portés par des petits amours. Les jeux quitteront le Casino à la fin des années 1980 pour s'installer, en face, au Grand café qui remplace La Restauration construite en 1870. Mais il reprendra une physionomie de théâtre en 1995, pour servir de lieu de conférences et de réunions sous le nom d'Auditorium Eugénie (496 places). A l'emplacement de la salle actuelle de théâtre-Opéra (construite seulement en 1901), avait été édifié en 1866 un charmant kiosque à musique. L'ensemble du Grand Casino a été rénové en 1995 pour servir de « Palais des Congrès », le seul de France établi dans un site classé Monument historique. Il est dominé par une coupole en vitrail, le vélum, théâtral et magnifique.
Quatrième cure : 7 juillet au 7 août 1864.
Il séjourne, pour la première fois, au « Chalet de l’Empereur » dont le balcon, tourné vers le parc d’Allier (façade inversée par rapport à la villa Marie-Louise de 1863), lui donne une meilleure intimité. Un souterrain relie le chalet à la villa Marie-Louise. Napoléon III y écrit une Histoire de César et de sa conquête de la Gaule avec Alfred Maury.
En 1865, l’Empereur ne vient pas à Vichy, sous prétexte des élections municipales. Le casino est donc inauguré sans lui.
Napoléon III séjourne au Chalet de l’Empereur, pour la 2° et dernière fois. Le Prince impérial le rejoint le 4 août et repart avec lui à Saint-Cloud le matin du 7 août. Son départ est précipité par son état de santé et Sadowa, date funeste de l’Empire. Le 27 septembre, la crue du siècle détruit, à 2 h du matin, l’ancien pont suspendu de Bellerive. Un pont provisoire est installé en face de la Source des Célestins : il sera supprimé en 1871, après reconstruction d’un pont en fonte par Radoult de Lafosse.
En 1867, la Manufacture des Grivats, créée en 1822 à la sortie de Cusset et appartenant au comte Charles de Bourbon-Busset, est détruite par un terrible incendie. Elle employait 300 personnes et ne sera pourtant pas reconstruite, alors qu’elle est à l’origine de la fameuse « toile de Vichy ».
En 1869, Vichy compte 6.000 habitants (1.600 en 1851) et 23.000 curistes. Aujourd’hui l’agloo compte 80.000 habitants. Les curistes ont été plus de cent mille à la grande époque en 1930 !
1870 nous rappelle la guerre naturellement. Napoléon III avait prévu de revenir à Vichy en été. Il en est empêché par la crise diplomatique avec la Prusse qui s’achèvera par la guerre et la capitulation de Sedan le 30 juin face à l’armée de Bismarck, (on voit quand même difficilement la comparaison avec Angela Merkel aujourd’hui) ! Napoléon III capitule le vendredi 2 septembre, se constituant prisonnier avec ses cent mille soldats. Il est conduit en captivité en Allemagne, au château de Wilhelmshöhe. L’impératrice Eugénie fuit en Angleterre où le Prince impérial la rejoint. Eugénie a toujours du protéger ses arrières.
Napoléon III rejoindra Eugénie à Chislehurst où il meurt le 9 janvier 1873 à 64 ans. Le Prince impérial est tué le 1er juin 1879 par les Zoulous d’Afrique du Sud. Il n’a que 23 ans. Napoléon III et le Prince impérial sont transférés à Farnborough le 9 janvier 1988. L’impératrice Eugénie décède au Palais Liria à Madrid le 11 juillet 1920. Elle a 93 ans. N’oublions pas qu’elle est née María Eugenia Palafox de Guzmán-Portocarrero y Kirkpatrick de Closbourn, marquise d'Ardales, marquise de Moya, comtesse de Teba, comtesse de Montijo, dite Eugénie de Montijo, née à Grenade en 1826. Elle a choisi de mourir en Espagnole. Respect.
Tous les trois reposent aujourd’hui dans l’abbaye St-Michael de Farnborough en Angleterre.
3 photos : site internet : ville-vichy.fr |
Et quand on pense que tout le monde croit que nous sommes ici…
… pour prendre lézo (en langage SMS)…
…on se nourrit l’esprit !