J’ai écrit Dax avec son ancien orthographe, qui se rapproche davantage de l’aqua romana : depuis l'Antiquité la Fontaine chaude, ou source de La Nèhe , fume de ses 64° au centre-ville de Dax. Elle représente le dernier patrimoine gallo-romain de la ville dont les remparts ont été détruits pour laisser place aux hôtels, et c’est le grand symbole du thermalisme. En effet, la fontaine avec son débit quotidien de 2,4 m3 (les hydrauliciens diraient 0,1m3/heure) est réputée pour les vertus de son eau. Je reviens sur le débit car par seconde cela donne 0,03 litres ce qui n’est pas si terrible ! Il faut des pompes dans la piscine bordée de murs construits de belles pierres calcaires en 1815 pour créer trois colonnes d’eau jaillissante, et laisser croire à un geyser naturel ! Comme il faisait froid hier, nous avons été attirés par la vapeur, et n’avons pu nous empêcher de nous brûler les mains dans les jets sortant des lions d’airain du mur principal. (vu le froid, les pompes avaient été arrêtées…)
Construite de 1814 à 1818, sous le règne de Louis XVIII, cette fontaine a hérité du nom d'une déesse, des sources et des eaux vives, dea Nèhalennia. Avant les curistes, c’est là que se retrouvaient les bouchers et les ménagères gallo-romains qui, grâce à sa température exceptionnelle, pouvaient utiliser la fontaine pour la cuisine. Auguste soi-même se serait fait soigner entre le 1er et le 29 juin de l’année 25. Le miracle (commercial) est que cette source se diversifie dans de nombreuses résurgences en ville. A chaque fois, un hôtel a été construit au-dessus, permettant aux clients de profiter (à domicile) de la même eau chaude thermale. Eva Joly devrait venir ici, et vanter les mérites du chauffage durable de nombreux immeubles, utilisant la géothermie
Pour les curistes souffrant de rhumatismes, le secret c’est la boue : les alluvions limoneuses de l’Adour, baignées d’eau chaude volcanique minéralisée cheminant depuis les profondeurs, et fermentée en surface grâce à des algues d’eau douce, donnent le péloïde, nom amusant créé par la société internationale d'hydrologie médicale, désignant les boues utilisées en thérapeutique thermale. Le terme de pélose désigne plus particulièrement les boues naturelles comme celles de Dax ou de Saint Amand. Les soins sont la pélothérapie. Les docteurs dont on déplore la cruelle absence dans certaines régions, abondent dans ce lieu propice à la lutte contre les douleurs, et j’en ai compté 165 sur les pages jaunes de France télécom.
Il existe aussi le péloïde de Vichy, qui est une boue thermale maturée, créée à partir de lits d’argile blanche ou kaolin prélevés localement et irrigués pendant plus d’un mois par les sources thermales minérales des Dômes (66°C ) et du Lys (60,5°C ) dans des bassins idoines. Des colonies d’algues bleues, riches de composés organiques, se développent alors spontanément à la surface de l’argile. Le mélange est ensuite finement malaxé en vue d’obtenir une boue homogène.
Le produit ainsi obtenu concentre à la fois les propriétés thérapeutiques des minéraux contenus dans l’eau et des composés organiques fournis par les algues. Lors des soins et enveloppements, les principes actifs du péloïde vont se libérer dans l’organisme au contact de la peau.
Le soin thermal consiste à recouvrir de péloïde les régions douloureuses du corps (notamment les articulations) du curiste. La pélothérapie se nourrit des progrès et découvertes de la recherche scientifique pour offrir un traitement toujours plus efficace contre les douleurs musculaires et articulaires. L’action physique se manifeste grâce aux propriétés de la boue (plasticité, adhésion et chaleur), entraînant une relaxation quasi immédiate des muscles contracturés. L'action biochimique assouplit la peau et permet l'ouverture des pores facilitant ainsi le passage d'éléments actifs du péloïde.
Nous sommes les représentants de la génération « malpartou », et n’arrêtons pas de souffrir de douleurs musculaires.
Et si on se faisait macérer dans un BBB
(bon bain boueux)
de péloïde… bien chaud ?
est-ce remboursé par la Sécu ?