Toute l’Espagne est en travaux : nous rentrons de Madrid par l’autoroute du Nord : magnifique ; larges voies lisses d’asphalte noir ; ponts, viaducs géants ; vias de servicio genre western avec essence et diesel légèrement moins chers qu’en France. Tous ces travaux sont-ils vraiment indispensables ? On se dit que s’agissant des finances publiques, les Etats dépensent bien facilement. Vous me direz que des autoroutes sont des travaux d’investissement, des travaux d’avenir ! C’est moins pire que financer les retraites (et les dépenses de santé) à crédit (l’un n’empêche pas l’autre).
Ce n’est pas tout : on aimerait visiter la gare avec sa grande verrière qui abrite une oasis de palmiers : en travaux ! Le Ministère de l’Agriculture (parce qu’il y a une agriculture en Espagne) est magnifiquement logé dans un bâtiment XVIIIè, couronné de statues ailées. En travaux.
Le must est le Musée archéologique : on prend le bus 36 depuis l’hôtel Ribera, sur le rio Manzanares superbement encadré de promenades pédestres, sur lesquelles s’entrainent les chevaux de la guardia civil. Terminus Atocha (c’est la gare). Descendus, on remonte dans le circulario, pour s’arrêter plazza de Cibeles. Ensuite, c’est à pied, Paseo de Recolelos, et on doit contourner
Cerrado ! Totalement vidé (mais où sont les collections ?) pour cause de réfection générale. Il y a dans ce musée (enfin en ce moment dans le garde-meubles qui abrite les collections), des pièces célèbres : les dames d’Elche et de Baza. Des mosaïques romaines venues de toutes les villes d’Espagne. La pompe de Valverde Huelva en bronze de type « foulant géminé », découverte en 1889 dans une mine jadis exploitée par les Romains. Incroyable technique de bronze à la cire perdue ! Vous me direz : si on était entrés, on n’aurait pu prendre de photos : la preuve, j’ai essayé avec les sphinges entourées d’échafaudages : des hurlements du chef de chantier, pire qu’un chinois devant la cité interdite ! Autant ne pas entrer du tout ! C’est bien ce qu’on a du faire ! Ces photos viennent d’internet, où l’on trouve à peu près tout pourvu que l’on indique le titre adéquat.
la dama d'Elche |
Quand le pays est en crise, faut-il vraiment dépenser tout cet argent ? Vous me direz, si les dettes souveraines sont finalement honorées par l’Europe, c’est pas mal joué en effet !
le triomphe de Bacchus |
oui, c'est une pompe romaine ! |
Si je devais dix millions à ma banque, c’est moi qui serais souverain !
Je n’en dois que dix mille
c’est elle qui me tient !