Ceci est mon blog d'origine, à consulter avec ses pendants : "Mes amis papillons" et la "Gazette des arts"

mardi 25 octobre 2011

Antikythera

Je reconnais être obnubilé par la Grèce en ce moment, attendant le moment imminent où je deviens avec tous nos contemporains européens situés dans la sone Euro  co-propriétaire de la dette souveraine du Pays de la Démocratie. J’ai bien droit par exemple à une visite gratuite des sites internet montrant les merveilles exposées dans le Musée d’Athènes  ? et pourquoi pas un petit cadeau ?














Il y a plein d’histoires merveilleuses d’épaves trouvées par les pêcheurs autour des îles grecques. En voici une qui nous fait penser au Grand Bleu. Nous sommes peu avant Pâques 1900. Deux caïques de pêcheurs d’éponge de Symi font escale sur la côte Nord-est de l’île d’Anticythère, au sud-est du Péloponèse pour se protéger d’un orage en mer. Le 4 avril, pendant une accalmie, Elias se jette à l’eau, pas loin des côtes. Il remonte tout excité racontant qu’il a vu des hommes nus et des chevaux. Il est équipé d’un scaphandre pour atteindre le fonds à -62 mètres ! Il y a là gisante une épave, pleine de sculptures et autres objets. Elias remonte la main de ce qui se révèlera plus tard être celle du philosophe, probablement Bion le Borysthène. Plus tard  on en trouvera le buste ! En bronze comme toute la statuaire grecque, les yeux incrustés de pierre. Très impressionnant !  Cousteau plongera lui aussi sur l’épave en 1976 et y découvrira des pièces permettant de la dater de 87 av JC. Il s’agit d’un navire romain revenant du siège de Pergame mise à sac. Il y a tellement d’objets qu’ils remplissent trois salles du Musée d’Athènes, le musée dont je suis en train de devenir co-propriétaire. Rempli d’œuvres dont on ne sait s’il s’agit d’art…ou de technologie puisqu’il y a une lyre de bronze et même des instruments chirurgicaux.




















Justement un objet intrigue les spécialistes depuis l’origine. Dimensions : 33x18x5cm, celles d’un petit livre ! Malgré la corrosion, on distingue une roue avec 4 rayons ; et même des sections circulaires dentées, grandes, petites, qui font penser à un mécanisme d’horloge… Attention, d’horloge qui aurait été construite… en -240 av JC, donc il y a 2251 ans… bien avant les premières horloges astronomiques connues au Moyen Age ! Les inventeurs : Archimède de Syracuse ? Hipparque de Nicée ? Posidonios de Rhodes connu pour être un mécanicien hors du commun  ?

Le plus fort est que l’on connaît les descriptions latines, notamment par Ciceron, de tels mécanismes dont il aurait existé trois exemplaires seulement. Gallus en avait ramené un de Syracuse justement :  « Lorsque Gallus mettait l’horloge en mouvement, on voyait à chaque tour la lune succéder au soleil dans l'horizon terrestre, comme elle lui succède tous les jours dans le ciel ; on voyait par conséquent, le soleil disparaître comme dans le ciel, et peu à peu la lune venir se plonger dans l'ombre de la terre, au moment même où le soleil se lève  du côté opposé ... ».



















Et voici l’un des trois !

Non seulement les chercheurs des universités de Cardiff et Athènes cherchent, en observant ; en photographiant ; et découvrent des caractères grecs ; des inscriptions entières. Mais la technologie des débuts de l’analyse du mécanisme ne permet pas de montrer précisément l’intérieur, comme le ferait un scanner permettant aujourd’hui de découper le cerveau en tranches. Jusqu’à ce que X-tek Systems construise en 2005 le scanner tomographique de 8 tonnes capable de réaliser des images aux rayons X d’une définition de 50 microns sans détruire l’objet dûment répertorié par le musée tenant absolument à le récupérer vous devinez bien.

Voici le scanner en question qui prouve qu’il s’agit bien d’une horloge astronomique d’une précision extrême, capable mue par une manivelle de calculer les éclipses de la lune, et les positions de nombreux astres : de cette manière, la science rejoint la religion, car si l’on peut prévoir les conjonctures zodiacales, on peut entrer en communication avec les Dieux et prédire l’avenir.




















Depuis lors, plusieurs machines ont été construites sur la base de celle d’origine, confirmant le génie des inventeurs. Récemment, l’horloger HUBLOT (de Genève) vient de réaliser une montre (de taille normale : 30x38x14mm) qu’il expose actuellement au Musée des Arts et Métiers à Paris : non seulement elle donne l’heure, mais elle fournit à l’heureux propriétaire les informations du mécanisme d’Ancythère : les Villes d’accueil des Jeux Panhélléniques. Le calendrier égyptien (12 mois de 30 jours avec des jours supplémentaires) ; la position du soleil dans les constellations du zodiaque ; les phases de la lune et l’année sidérale. Au dos, les cycles Callipique (76 ans-4 cycles métoniques) ; métonique (19 ans-235 lunaisons) ; de Saros (223 lunaisons) ; et Exeligmos (3 cycles de Saros=54 ans).  Rien que ça ! Avec ça, on peut jardiner avec la lune, et s’assurer de l’avenir !


Je ne suis plus inquiet pour les Grecs qui il y a 2200 ans, ont inventé le premier ordinateur mécanique, et se révélaient des astronomes exceptionnels. S’ils faisaient aujourd’hui commerce de leurs talents, et s’ils s’associaient à Hublot Genève pour vendre leur montre astronomique par souscription, peut-être me permettraient-ils d’éviter d’ajouter leurs dettes à la mienne, et de me rembourser des impôts supplémentaires que je vais payer pour eux, en me compensant par le don de cette montre ?

En tous cas, ça donne envie d’aller visiter le Musée d’Athènes !
Vous vous souvenez la chanson ?
…les  attributs de Démosthène ?
La machine en question  c’est encore mieux !

En attendant, rendez-vous sur youtube :